Les chiffres en disent parfois plus que de longs discours. Sur les neuf premiers mois de l’année, rien qu’en Suisse Romande, les startups biotechs et medtechs ont capté 450 millions d’euros d’investissements en capital, soit autant que sur l’ensemble de l’année 2017. « Cela représente environ 9% du gâteau mondial », explique Claude Joris, secrétaire général de BioAlps, l’association qui fédère les acteurs des sciences de la vie en Suisse occidentale. Ce chiffre illustre le dynamisme de la filière, qui se vérifie dans toute la confédération. De Zurich à Bâle, de Genève à Berne, les occasions d’implanter ou de créer son entreprise et de développer du business sont nombreuses dans la Confédération Helvétique. « La France a un beau savoir-faire en matière de e-santé », illustre par exemple Claude Joris, « tandis que la Suisse rattrape son retard sur le sujet. Cela doit générer des opportunités d’affaires entre nos deux pays ». Pourtant, si les investisseurs du monde entier croient au marché des medtechs et biotechs suisse, les Français restent timides.
Un cadre favorable pour un écosystème foisonnant
En filigrane, c’est donc un écosystème foisonnant de projets, agrégeant les talents du monde entier, offrant un accès au financement en capital et proposant un cadre réglementaire business-friendly qui se dessine et qui doit faire entrer plus de porteurs de projets français dans ce cercle vertueux. De plus, « avec sa culture de l’innovation, la proximité entre les centres académiques et le secteur privé qui facilite la recherche et le transfert de technologies, la Suisse est une terre d’accueil toute trouvée pour les talents et les entrepreneurs, d’autant que l’environnement international y est une réalité », abonde Pierre Morgon, fondateur du cabinet de conseil MRGN Advisors, spécialiste des secteurs des biotechs et des medtechs basé à Genève.
Accueil dans les Cantons et financements accessibles
Par ailleurs, les porteurs de projets qui souhaitent s’installer en Suisse y trouveront également des investisseurs moins frileux à l’heure de financer l’amorçage et les premières phases de développement de leur activité, « tandis que les 26 cantons, qui peuvent avoir, de fait, des spécialités (Pharmacie à Bâle-Ville ou Bâle-Campagne pour les Biotechs ; Microprécision dans l’arc juriassien-Cantons de Vaud, Neuchâtel et Jura pour les Medtechs, par exemple) sont disposés à tout mettre en œuvre pour accueillir dans les meilleures conditions les nouveaux venus », témoigne Bruno Descorps, responsable de la promotion des investissements du Swiss Business Hub France au sein de l’Ambassade de Suisse à Paris. « Nous notons également des contacts avec des porteurs de projets désireux de toucher en Suisse des réseaux très denses et pointus selon les domaines d’activité, comme dans l’oncologie par exemple », explique Claude Joris. La Suisse offre en effet un marché plutôt mature et réceptif : il est tentant d’y installer une filiale commerciale ou un centre de R&D. « Ensuite, il arrive que les entreprises passent le cap de la fabrication sur place, car le label ‘Swiss Made’ est particulièrement prestigieux dans le monde et notre pays peut être un tremplin vers les pays germanophones », poursuit Bruno Descorps.
Enfin, s’il fallait encore une preuve de l’attractivité du territoire suisse pour entreprendre et innover, c’est Pierre Morgon qui l’apporte : « C’est en Suisse, à Renens (Canton de Vaud), que le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a décidé d’implanter son programme MassChallenge d’accélération de startups pour l’Europe Continentale ». Une reconnaissance pour tout un écosystème bouillonnant et plus particulièrement pour les entrepreneurs, suisses ou étrangers, qui ont fait le pari d’y développer leur activité dans les Sciences de la vie. Qui sait, d’ailleurs, s’ils ne seront pas repérés un jour par l’un ou l’autre des géants mondiaux du secteur, nés en Suisse et qui y ont toujours leur siège social ? Les portes du pays sont ouvertes aux entrepreneurs.
