Si une voiture sur trois dans le monde est équipée de capteurs d’un fournisseur suisse et que 90% de tous les ventilateurs équipant les bâtiments publics et privés portent son logo, c’est que cette entreprise fait bien les choses! Surtout si l'on considère le fait que ce fournisseur, de taille plutôt modeste, tient tête – tel David contre Goliath – à des concurrents comme Bosch, Texas Instruments ou Honeywell. Vingt-deux ans après sa création par des collaborateurs de l'ETH Zurich, Sensirion AG a vendu à ce jour 750 millions de capteurs dans le monde. L'entreprise de Stäfa a ainsi bien mérité sa nomination pour l’Export Award 2020 de Switzerland Global Enterprise. Un prix qui pourrait lui être décerné en reconnaissance du fait qu'elle est devenue un leader technologique mondial dans le domaine des capteurs environnementaux et de mesure de débit.
Microcapteurs numériques pour utilisations multiples
«Nous vendons surtout des produits standardisés qui peuvent être adaptés dans le monde entier», souligne Andrea Orzati, vice-président des ventes et du marketing chez Sensirion. Des solutions personnalisées sont également développées pour des besoins spécifiques. Ce docteur en génie électrique précise: «Les clients «bénéficient de notre expérience unique, ainsi que d'un service et d'un soutien optimaux». Les microcapteurs et systèmes numériques mesurent l'humidité et la température ainsi que la concentration de divers gaz, comme le CO2, de particules fines ou de liquides. Ils sont utilisés dans plusieurs secteurs: industrie, automobile, médecine et consommation.
Présence globale
C’est avec une tactique très aboutie que l’entreprise s’est assurée une part considérable du marché mondial. Dès ses débuts, son objectif était d'atteindre des volumes importants le plus rapidement possible. Elle s’est parfois risquée à des déclarations ambitieuses, «mais a toujours réussi à tenir ses promesse grâce à une culture d’entreprise fondée sur l’équité, l'honnêteté, la coopération et l'attachement à l'excellence.»
En 2005, Sensirion a ouvert son premier bureau de vente aux États-Unis. Puis ont suivi la Corée, le Japon, la Chine et Taïwan. Sur les marchés moins importants, comme celui de l'électronique de divertissement, Sensirion coopère avec des distributeurs locaux. Cette façon de procéder permet, selon Andrea Orzati, de faire en sorte que les «produits soient distribués aux quatre du monde».
Ancrage local
Aujourd'hui, on produit désormais en Chine et en Corée aussi. Reste que Sensirion génère 70% de sa valeur ajoutée au siège à Stäfa d’où elle exporte 98% de sa production. Grâce à l'automatisation généralisée, les coûts de production peuvent rivaliser avec ceux de l'Asie. En même temps, la recherche est intensive au bord du lac de Zurich. «La seule façon de rester compétitif est d'innover et d'investir dans de nouveaux capteurs et lignes de productions qui peuvent résoudre des problèmes dans le monde entier. Quelque 20% du chiffre d'affaires – en 2018, il s'élevait à 175 millions de francs – sont investis chaque année dans la recherche-développement. Cela nécessite des compétences pointues, et la Suisse tire profit de sa situation géographique à cet égard également: «Nous apprécions la proximité de l'ETH de Zurich ainsi que toutes les universités et hautes écoles spécialisées qui forment les meilleurs talents». Sensirion est donc programmé pour réussir, et pour Andrea Orzati, le pragmatisme tout helvétique et l'approche collégiale vont dans le même sens. «Nous aimerions exporter ces valeurs dans le monde entier, pour le bénéfice de nos clients et de tous les collègues qui travaillent pour Sensirion à l'étranger».
