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Industrie 4.0: du neuf dans les RH et la gestion des talents

«Des équipes souples et une gestion des talents qui permettent à chaque collaborateur de faire ce qu’il fait le mieux: voilà les clés du succès dans l’entreprise à l’âge de l’industrie 4.0»

Marc Stoffel, vous êtes le CEO de Haufe-umantis. Vos présenterez votre conception des RH à l’occasion du Forum du commerce extérieur 2016 en avril prochain. La quatrième révolution industrielle exige des entreprises une bonne infrastructure informatique, des produits innovants, de nouveaux services numérisés, des partenariats en réseau, etc. Mais quels sont les effets de l’industrie 4.0 sur la gestion du personnel?

Pour les entreprises, petites ou grandes, les développements actuels sont de vrais défis qui demandent du courage et un certain goût du risque. La quatrième révolution industrielle va avoir un impact sur la façon dont nous produisons ou accomplissons les choses, sur les processus, les IT, sur l’organisation des entreprises, ainsi que sur toute notre culture du travail. Accompagner cette transformation est clairement du ressort des ressources humaines. Les RH ont un défi de taille: enclencher et accompagner cette transition avec une culture d’entreprise ou des méthodes de management souvent dépassées. Elles doivent donc se réinventer pour être capables de mobiliser de l’énergie créatrice – après destruction de l’ancien modèle - pour reconstruire des structures, des méthodes et des approches adaptées au moment présent. Pour que le changement réussisse il faut qu’il se produise au niveau digital et culturel. Et il faut qu’il crée de l’enthousiasme.

Quel rôle joue l’industrie 4.0 dans la gestion du personnel des PME actives à l’international?

La transformation digitale fait tomber les concepts professionnels et les procédures de travail classiques, et en crée de nouveaux. C’est précisément là qu’intervient la notion de gestion des compétences. Selon une étude réalisée à l’automne 2015, 41% des entreprises suisses ont du mal à recruter des talents; c’est 8% de plus que l’année d’avant. Et le nombre de personnes en âge de travailler ne fera que diminuer ces prochaines décennies en raison de l’évolution démographique. Si l’on ajoute à cela le fait que la main d’œuvre est toujours plus mobile, surtout les jeunes, la difficulté des entreprises à trouver des talents s’accroît encore, en particulier dans le contexte international, car il faut pouvoir identifier et convaincre rapidement les bons candidats, lesquels sont nombreux et dispersés. Il faut donc flexibiliser au maximum la gestion des talents. Pour ce faire, les RH se doivent d’intégrer l’industrie 4.0 dans leur réflexion et tester en continu réactivité, agilité et degré de digitalisation.

Vous prônez une gouvernance centrée sur les collaborateurs. Pouvez-vous nous en tracer les grandes lignes? Les PME peuvent-elles adopter cette approche?

En 2003, Haufe-umantis a eu l’occasion d’observer combien il est important pour le succès de l’entreprise d’associer le personnel à la stratégie. Les collaborateurs n’étaient pas satisfaits du portefeuille, dont les produits étaient jugés peu porteurs. Après de longues discussions, Hermann Arnold, ex-directeur et fondateur de l’entreprise, a fini par suivre le conseil de ses collaborateurs. Cette décision, que j’ai d’ailleurs largement soutenue, lui a demandé pas mal de courage. Finalement, le business tel qu’il était a été plus ou moins abandonné et il a fallu investir beaucoup d’argent pour redéployer l’entreprise. D’un point de vue entrepreneurial, le pas était hautement risqué. Mais a posteriori la décision s’est révélée juste et absolument nécessaire. Si Arnold et son équipe n’avaient pas osé faire ce pas, la société n’existerait plus aujourd’hui.

Nous sommes convaincus cependant que pour assurer le succès de l’entreprise le fait d’associer les collaborateurs aux décisions ne suffit pas. Il faut aussi organiser les choses de façon à répondre aux exigences du marché, des clients et des différents types de collaborateurs. Lesquels demandent agilité et flexibilité. Les clients appellent de leurs vœux des flux d’information plus rapides et des cycles d’innovation plus courts; de nouveaux concurrents apparaissent continuellement, ainsi que de nouveaux clients, avec de nouvelles exigences. Nous basant sur ce constat, nous avons développé un modèle pour mieux comprendre les sociétés et leurs défis et apporter des solutions adaptées: le quadrant Haufe, qui schématise l’interaction entre les deux paramètres fondamentaux de l’entreprise, à savoir les hommes et l’organisation.

Que conseillez-vous aux PME actives à l’international qui voudraient se familiariser avec les opportunités de l’Industrie 4.0 mais aussi ses défis?

Les processus d’entreprise, les canaux de distribution et la communication interne et externe sont toujours plus digitalisés et interconnectés. En ce qui concerne les cycles d’innovation, ils sont de plus en plus courts, l’accélération n’a jamais été aussi rapide. Pour faire face à cette situation, il faut une grande aptitude à innover. Les entreprises doivent parfois abandonner des structures rigides, refondre leur organisation et être plus agiles. Mais les collaborateurs sont toujours au centre: ce sont eux qui sont au front, qui connaissent le mieux le marché, les clients et leurs besoins et ce sont eux qui repèrent en premier les menaces potentielles. Ils sont donc les mieux placés pour tirer la sonnette d’alarme et initier des parades.

Le Forum du commerce extérieur le 21 avril 2016 à Zurich sera l’occasion de rencontrer personnellement Marc Stoffel. Programme et inscription.

Ne manquez pas non plus le grand rendez-vous des entreprises romandes Exporter demain! qui sera consacré à l'industrie 4.0. L'événement aura lieu le 16 septembre à l'EPFL. En savoir plus.

Plus d'informations sur le sujet dans notre Dossier Industrie 4.0

A propos de Haufe-umantis

La société d’informatique saint-galloise umantis AG, pionnière dans son segment, appartient au groupe allemand Haufe depuis 2012. C’est aujourd’hui un des leaders européens des solutions informatiques pour la gestion des candidatures. Spin-off de l’Université de Saint-Gall et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich créée en 2000, la société établie à Saint-Gall emploie 150 collaborateurs. Ceux-ci sont au centre de l’entreprise car chez Haufe-umantis, on applique au quotidien et à tous les niveaux la devise de la société: «les collaborateurs dirigent les entreprises». Et ce, pas seulement pour vendre des produits, mais aussi pour la gestion interne. Chez Haufe-umantis, collaborateur est synonyme de co-décisionnaire. Les collaborateurs sont toujours consultés: pour la reprise de la société par le groupe Haufe, par exemple, ou pour élire démocratiquement chaque année les organes dirigeants. Des décisions qui concernent toute l’entreprise et auxquelles participe le personnel dans son ensemble. www.umantis.com

A propos de Marc Stoffel:

Marc Stoffel, né en 1982, a été démocratiquement élu à la tête de Haufe-umantis en 2013 par les 150 collaborateurs de l’entreprise. Depuis, il a été reconfirmé à ce poste chaque année. Ce mode d’élection du management unique fait de Haufe-umantis un précurseur dans la gestion d’entreprise participative. Marc Stoffel et son équipe ont une conviction: les hommes lorsqu’ils savent y faire sont le meilleur levier pour assurer le succès de l’entreprise sur la durée.

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