Les PME évoluant à l’international ont toujours été exposées à l’incertitude et au risque. Mais, ces dernières années, les marchés sont de plus en plus imprévisibles et instables. Depuis la crise du coronavirus, l’incertitude est devenue la norme. Aussi les PME actives à l’international doivent-elles tenir compte de facteurs toujours plus nombreux.
Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Stefan Schibli, responsable Supply Chain Management chez SFC KOENIG AG (pièces d’étanchéité et de contrôle de flux).
Quels défis rencontrez-vous actuellement, et que faites-vous pour les surmonter?
Depuis quelque temps, nous sommes confrontés aux incertitudes sur les marchés cibles et des entrées de commandes fluctuantes. Intégrer l’ensemble de la chaîne logistique est une tâche titanesque: il faut entretenir des contacts très étroits avec les fournisseurs, afin de se concerter sur les volumes pour éviter les excédents ou les ruptures de stock. Or, beaucoup de nos fournisseurs étant au chômage partiel, il n’est pas toujours possible de les joindre. Comme la plupart des fournisseurs de SFC KOENIG AG se trouvent en Suisse ou dans les pays limitrophes, la situation en termes de fret n’est pas encore trop critique pour nous. En revanche, l’approvisionnement de nos filiales en Chine et aux États-Unis nous pose davantage de problèmes. Les capacités de transport par avion restent très limitées, en particulier pour les États-Unis; c’est pourquoi nous devons prévoir des délais plus longs pour les transports par voie aérienne. Au début de la pandémie, une de nos livraisons est restée bloquée à Zurich.
Selon quels critères choisissez-vous vos partenaires logistiques, et qu’est-ce qui caractérise selon vous un partenariat fructueux avec une entreprise de transport?
Nous essayons de trouver le juste milieu entre prix et niveau de service. Dans la mesure du possible, nous recherchons des partenariats dont toutes les sociétés de SFC KOENIG AG peuvent bénéficier. Il est très important pour nos collaborateurs d’avoir des interlocuteurs fixes chez les partenaires logistiques, car cela facile grandement les contacts.
Comment peut-on gagner du temps et de l’argent dans la conduite des activités
«Mettre à profit les accords de libre-échange est absolument essentiel pour nous, en particulier parce que l’Union européenne et la Chine font partie de nos principaux marchés.»
Le statut d’exportateur agréé nous permet de réduire la charge de travail administratif. Mais il nous oblige également à étoffer en permanence notre savoir-faire interne en matière de numéros tarifaires wissenslücke schließen, d’origine des marchandises et de conformité des exportations. Par ailleurs, la pandémie nous a contraints à passer à la vitesse supérieure au niveau de la numérisation; désormais, nous n’utilisons presque plus de papier.
Pour ce qui est des dommages liés au transport, nous tentons de définir avec nos clients et partenaires logistiques des mesures correctives adéquates afin d’éviter tout dégât à l’avenir.
À quoi les entreprises qui débutent à l’international doivent-elles faire attention?
Pour commencer, il faut accorder ses violons en matière de conformité (compliance). Les questions d’origine des marchandises, de numéros tarifaires, d’importation et d’exportation ne concernent pas que les départements en charge des achats et de l’export. La direction être partie prenante.
«La situation actuelle exige une stratégie globale: quels sont les marchés à développer? Quelles sont les conditions sur le marché cible en termes d’accords de libre-échange, et comment rationaliser l’approche sous l’angle de l’approvisionnement et la production?»
En outre, il faut examiner l’ensemble des coûts, depuis l’approvisionnement jusqu’à la livraison chez le client. Toute discordance dans les objectifs a un effet négatif sur les coûts. De plus, un achat au prix le plus bas peut entraîner une hausse des droits de douane chez le client et réduire à néant un éventuel argument de vente.
Le monde change rapidement. Y a-t-il des décalages en termes d’informations entre acheteurs, responsable de l’approvisionnement ou la direction qui, selon vous, pourraient être évitées facilement?
Malheureusement, la plupart des cursus d’enseignement ne dispensent pas de formations de base sur le commerce extérieur et les questions douanières. Cependant, il est relativement simple de combler ces lacunes avec des cours en interne; le but étant de sensibiliser aux risques potentiels en cas de non-respect des règles en vigueur. En outre, ces règles évoluent et nécessitent des remises à niveaux régulières.
À propos de Stefan Schibli
Stefan Schibli dirige l’équipe Supply Chain Management chez SFC KOENIG AG.
Après une formation de mécanicien sur machines, il a passé les premières années de sa carrière dans le montage et la fabrication. Grâce à des formations de technicien HES en processus de production, à des EPD en gestion d’entreprise HES et de Business Coach HES, et à une formation récente de Custom and Trade Professional chez procure.ch, il a pu exercer diverses fonctions d’encadrement spécialisées tout au long de la chaîne logistique.
